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<titrephoto>lecture sur facsimilé (vidéo) & audio</titrephoto> : <em>Gaillarde piémontoise</em> –  G. Morlaye (c.1560-1570)

lecture sur facsimilé (vidéo) & audio : Gaillarde piémontoise – G. Morlaye (c.1560-1570)

Ricercar 3, Franciscus Bossinensis, Tenori e contrabassi de leuto (Venezia 1509) f.50
Gaillarde piémontoise 5, Guillaume Morlaye, Uppsala University Library MS 412 (c.1560-1570) f.35
par Cyril Gilbert (nov. 2020)
 

 
La musique sans les images…
 
 
 

Guillaume Morlaye est français, luthiste, guitariste, compositeur, éditeur de musique, marchant d’instruments et de cordes, professeur et négociant.
Morlaye est élève d’Albert de Rippe, un des plus célèbres luthistes de l’époque. Ceci explique peut-être en partie pourquoi les oeuvres de Morlaye ont un intérêt luthistique. Les compositions d’Albert de Rippe seront publiées à titre posthume par… Guillaume Morlaye, excellent joueur de luth, à partir de 1552.
Mais Guillaume, de nature probablement opportuniste, ne s’oublie pas puisque le contrat avec son typographe imprimeur Michel Fazandat prévoit d’éditer aussi ses propres pièces et celles de plusieurs bons auteurs. À cette époque, ces ouvrages seront tirés à plus de 1500 exemplaires. Morlaye publiera entre autres trois livres de luth en son nom, un livre de psaumes de Certon réduits en tablature de luth (j’en reparlerai) et des livres de guiterne (j’en reparlerai).
Morlaye écrit des fantaisies, des pièces vocales réduites en tablatures, des danses. Ces mélanges de pièces populaires et d’oeuvres plus sophistiquées sont regroupées en anthologies propres à satisfaire la demande des nobles, courtisans, bourgeois et marchants amateurs de musique.

 
Lieu et instrument du méfait pour cet enregistrement confiné, à l’acoustique confinée…
 
Cyril Gilbert luth musique ancienne
 

Après son accession au trône en 1547, Henri II accorde des privilèges à des imprimeurs lyonnais, puis des imprimeurs parisiens, leur permettant de publier des oeuvres musicales, mettant fin au monopole parisien d’éditions musicales détenu par Attaingnant. C’est dans ce contexte que de nouveaux éditeurs apparaissent et que Morlaye obtient en 1552 un privilège de publier les oeuvres de son maître. On donne aussi des privilèges à d’autres corporations conduisant à des monopoles, ce n’est pas propre à l’imprimerie mais ce secteur, encore récent, est celui où les conflits entre maîtres et salariés sont les plus aigus : la main d’oeuvre y est… instruite.
La pièce dont il est question ici est toutefois tirée d’un manuscrit, très probablement de la main de Morlaye, et conservé à la bibliothèque universitaire d’Uppsala. D’après une étude musicologique sérieuse de J.-M. Vaccaro, notre luthiste-bourgeois-marchand se serait converti au protestantisme et aurait dû quitté la France. La cour de Suède, ouverte culturellement et artistiquement, aurait pû l’accueillir.

f.35 Uppsala University Library MS 412…
 
Cyril Gilbert luth musique ancienne
 

Personnellement, j’aime beaucoup la musique de Morlaye et je trouve un réel plaisir à jouer ses pièces ; et elles sont belles à écouter. C’est clairement de la musique DE luth, sans être d’avant-garde pour son époque (c’est peut-être ce qui déplaît aux musicologues non luthistes). La musique de Morlaye est écrite avec intelligence et espièglerie, j’ose le terme par ailleurs du XVIè, et le compositeur use de l’écriture idiomatique au luth avec une réelle maîtrise. On peut littéralement jouer avec cette musique. Je ne me lasse pas des nombreuses hémioles de cette gaillarde qui ne manqueraient pas d’inspirer danseurs-euses ; même s’il est toujours délicat d’interpréter des pièces de danse de luth pour la danse…
J’ai mis un petit ricercar en introduction de cette gaillarde. Ça se faisait. Bien que daté d’avant l’apparition de l’imprimerie musicale en France, j’ai choisi une pièce de Bossinensis. C’était le choix du jour.
Merci à Sarge Gerbode pour m’avoir donné le lien vers le facsimilé du MS 412 ; que je partage ici… au cas où.
Dans la collection le Secret des Muses de La Société Française de Luth, Pascale Boquet a consacré un recueil entier à Guillaume Morlaye (vol.46).
Remerciements à Arion Music.

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