Une interprétation d’une pièce de Pierre Sandrin / Godard, Amour pence que je dorme et je me meurs. Cette pièce a été publiée par l’éditeur Pierre Attaingnant dans Dix-neuvième livre contenant 22 chansons nouvelles à quatre partie en deux volumes… publié en 1546. C’est une chanson dans le style parisien. Elle est proposée ici dans une version réduite pour voix et luth de Pascale Boquet et publiée dans le volume 35 de la collection le secret des muses (2009) de la Société Française de Luth.
Le présent enregistrement a été réalisé à l’église de Saint Projet (82) par et avec Isabelle Belaygues (voix) et Cyril Gilbert (luth).
Pierre Sandrin (c. 1490 – 1561), de son vrai nom P. Regnault, fit une carrière exceptionnellement brillante : en France d’abord sous François 1er et Henri II, en Italie ensuite, au service d’Hippolyte d’Este, cardinal de Ferrare. Il a écrit 50 chansons à 4 voix entre 1538 et 1556, exclusivement sur des textes galants. À propos de cette chanson Amour pense, notons qu’à partir de 1538, Sandrin se livre à d’intéressants essais de structure par emploi alterné de mesures binaires et ternaires. C’est ce qu’on trouve ici dans cette chanson.
Amour pense que je dorme et je me meurs :
Appelle amour ce la dormir.
De me voir souffrir et gemyr
Tant que c’est mourir en vivant,
Ou vivre pour mourir souvent,
Et plaingtz et pleurs.
Amour pense que je dorme et je me meurs.
La mort commune est sans torment
Et passe bien légèrement,
Mais l’amour ne fait pour ainsi.
Car un cueur tient vif et transi
Mort en douleurs.
Amour pense que je dorme et je me meurs.
Votre beauté et grant rigueur,
M’ont atainct et percé le cueur.
Et ne puis sans vivre mourir.
Ne vous tuer, ne secourir.
A mes labeurs.
Amour pense que je dorme et je me meurs.