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<titreaudio>audio</titreaudio> : <em>Mille Regretz</em>, Pierre Phalèse / Josquin des Prez. (1552)

audio : Mille Regretz, Pierre Phalèse / Josquin des Prez. (1552)

Mille Regretz, Pierre Phalèse – Hortus Musarum (1552)
par Cyril Gilbert :

 
 

Mille Regretz est une chanson polyphonique profane de la Renaissance franco-flamande. Le texte a été mis en musique par plusieurs compositeurs ; la version de Josquin Desprez (c.1440 c.1521) est la plus célèbre. Je ne suis pas historien ni musicologue et ne compte pas faire ici la biographie de ce compositeur ; on trouvera quantité d’informations très intéressantes sur internet… et même dans des livres. Surnommé le « Prince de la musique » par ses contemporains, Josquin est partout. On le retrouve pendant des décennies comme source dans de multiples transcriptions, entre autres pour le luth. Tous les maîtres futurs de la chanson franco-flamande doivent à ce père incontesté de la musique du XVIè siècle les fondements de leur art. Josquin occupe une position d’équilibre entre Moyen Âge et Renaissance. Il appartient, certes, au temps des humanistes, mais il conserve une spiritualité, un sens du sacré, qui le rattache aux conceptions médiévales. Il a marqué de son empreinte profonde tous les genres qu’il a abordés (messes, motets, chansons) et les plus célèbres chansons de Josquin ont largement circulé en Europe. Mille Regretz, chanson au style austère qui se rapproche des poèmes de déploration tels qu’on les cultivait à la cour de Marguerite d’Autruche, a inspiré une messe à Cristobal de Morales, la Missa « Mille Regretz ».
Si vous ne connaissez pas cette magnifique pièce, je vous invite à écouter un enregistrement par The Hilliard Ensemble ou encore celui de Vox Luminis… mais il en existe bien d’autres !
 

Mille regrets de vous abandonner
et d’être éloigné de votre visage amoureux.
J’ai si grand deuil et peine douloureuse
qu’on me verra vite mes jours terminer
Jouer une chanson instrumentalement en consort n’a rien d’anachronique. Nombre d’entre elles étaient d’ailleurs publiées sans paroles et très certainement exécutées ainsi. Naturellement, on rencontre des tablatures pour luth des oeuvres de Josquin dès 1507, et ce jusqu’en 1592. On trouve plusieurs adaptations et arrangement de Mille Regretz dans le répertoire pour luth où les quatre voix sont réduites. la pièce que j’interprète ici est celle de l’éditeur Pierre Phalèse tirée de son Hortus Musarum publié à Louvain en 1552. Mon précédent article rappelait combien les réductions pour luth de chansons sont courantes à la Renaissance. La difficulté d’exécution de ces pièces réside dans le fait de conserver le modèle vocal, comme le cheminement des voix horizontales. Mais n’oublions pas que si l’on doit faire le deuil évident d’une restitution à l’identique, ces réécritures sont l’occasion de mettre en avant le langage idiomatique du luth et toute l’inventivité et la maîtrise de l’instrument par les musiciens arrangeurs. À charge de l’exécutant d’apporter sa touche finale ; pour ma part, lors d’un dimanche pluvieux…
La partition utilisée pour cet enregistrement est tirée du volume 2 de la collection le Secret des Muses de la Société Française de Luth : Mille regrets et pièces religieuses de Josquin des Près mises en tablatures…
 
Facsimilé de la pièce en question… si vous voulez suivre !
 
Cyril Gilbert luth musique ancienne
 

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